Julie Hyvert - Membre associé
Thème de recherche :
Les différents processus d’apprentissage en musique que j’ai eu l’opportunité d’analyser et d’expérimenter – que ce soit dans mes pratiques d’enseignement ou sur mes terrains de recherche – s’élaborent et se transmettent dans des environnements socio-historiques qui les déterminent en partie et avec lesquels ils interagissent. Ces différents « biotopes didactiques », même lorsqu’ils appartiennent au passé, soulèvent des questions passionnantes pour les pédagogues et les chercheurs, raison pour laquelle j’oriente aujourd’hui mes recherches vers les sciences de l’éducation et de la formation, autour des conditions socio-historiques de transmission des savoirs musicaux.
J’envisage de travailler dans cette direction en mettant à profit l’expérience que j’ai acquise en croisant les approches musicologiques, historiques, ethnologique et anthropologique. En étudiant les pratiques et les conduites chansonnières, la constitution et la transmission des répertoires, les attachements individuels et collectifs à la musique, on se rend compte à quel point ce qu’on appelle « musique » est en réalité un acte situé, contextualisé et animé, plutôt qu’un objet donné et figé.
Les projets de recherches que je développe autour de la transmission des savoirs et apprentissages culturels et artistiques portent à la fois sur les processus musicaux en usage à l’école et sur les phénomènes de patrimonialisation de la musique qui opèrent dans et en dehors du cadre scolaire. Ces deux variables ont un impact sur la question des apprentissages. Par exemple, le fait que certaines institutions conçoivent le chant comme un « objet culturel », comme une marque distinctive de la culture française, peut avoir des conséquences sur la pédagogie de la musique, avec une survalorisation des paroles, du « texte chanté », au détriment de la pratique et de la transmission du chant en tant que performance musicale.
Le statut et la place de l’éducation musicale à l’école – qui tend de plus à plus à se cristalliser autour de « l’objet chanson » – pose d’autres questions intéressantes : comment le chant est-il investi voire instrumentalisé par l’institution scolaire pour s’extérioriser, se définir et se distinguer ? Selon quels dispositifs scénarise-t-on le chant dans le cadre scolaire mais aussi dans l’espace public ?
Je travaille donc dans deux directions : d’une part en analysant comment les enseignants en éducation musicale forgent leurs pratiques et créent des objets musicaux au moyen d’imitations, d’emprunts et de parodies (dans un contexte où la musique peut servir à se définir par rapport à d’autres disciplines) ; d’autre part en menant une réflexion théorique à partir du concept goffmanien de territorialisation, c’est-à-dire en interrogeant les corpus comme un ensemble de répertoires chantés dont les délimitations reposent sur la revendication et la propriété.
En particulier :
1. La dimension « preuve » et ses applications concrètes, un domaine que je n’ai pas encore exploré dans mes recherches mais qui m’attire.
2. Les contextes d’apprentissage, qui revêtent une importance cruciale pour analyser et mettre en pratique les méthodes et les processus didactiques.
Publications : (4)
Défis et chansons en compagnonnage
Challenges and Songs Within Journeymen’s Society
2015-11-13 halshs-02054751 DOI: 10.4000/lhomme.23940
L'Homme - Revue française d'anthropologie - Éditions de l'EHESS
Le patrimoine musical des Compagnons du Tour de France : Inventaire et catalogue des chants
2012 hal-04330428
- Ministère de la culture et de la communication (Mission Ethnologie)
Rencontre autour de la chanson compagnonnique
2012 hal-04349162
La voix des compagnons, Compagnons et Maîtres d'oeuvre, Revue trimestrielle de la Fédération Compagnonnique des métiers du Bâtiment